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Tribune : Quand la croissance démographique ravive la foi

  • Photo du rédacteur: Rédaction Logos
    Rédaction Logos
  • 13 mai
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 12 août

Par Gilles Brand – Logos, Tribune philosophique

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Dans un monde que l’on disait voué à la sécularisation, un retournement discret mais profond est en train de s’opérer : la foi, loin de disparaître, revient occuper une place centrale dans la vie de sociétés en pleine expansion démographique. Là où les églises, mosquées ou temples perdaient leur audience il y a quelques décennies, on observe aujourd’hui un frémissement, une nouvelle fréquentation, parfois même une ferveur renouvelée. Ce phénomène, souvent passé sous silence, mérite qu’on s’y attarde tant il dit quelque chose de notre époque, de ses peurs comme de ses espoirs.


Historiquement, religion et démographie ont toujours été liées. L’Église, par exemple, a joué un rôle central dans la structuration des sociétés rurales d’Ancien Régime, où la croissance des populations allait de pair avec l’affermissement de la foi. À l’inverse, les grandes crises – famines, guerres, exodes – ont souvent provoqué un recul des pratiques religieuses, ou du moins un bouleversement de leur forme. Mais aujourd’hui, c’est dans les zones urbaines densément peuplées, dans les pays du Sud ou dans certains quartiers d’Europe occidentale à forte natalité, que s’observe un retour tangible du religieux.


Sociologiquement, cela s’explique. Plus une société s’agrandit, plus elle cherche des points d’ancrage communs, des structures symboliques pour organiser la cohabitation et donner un sens au destin collectif. La foi, dans ce contexte, devient un facteur de cohésion. Elle rassure face à l’instabilité, donne une lecture de la vie, de la mort, du bien et du mal, là où l’individu moderne se heurte parfois à un vide existentiel. Dans les familles nombreuses, le lien intergénérationnel renforce souvent la transmission des traditions spirituelles. Chez les jeunes, dans certaines cultures, l’appartenance religieuse devient même un marqueur identitaire plus fort que les clivages politiques ou économiques.


Religieusement enfin, ce retour n’est pas toujours synonyme d’un renouveau doctrinal ou institutionnel. Il ne signifie pas forcément que les dogmes sont réadoptés tels quels. Il s’agit parfois d’un retour aux rites, aux fêtes, aux repères. Une foi plus culturelle, plus incarnée dans le quotidien, mais qui n’en est pas moins sincère. Cela pose d’ailleurs un défi aux institutions religieuses traditionnelles, souvent en décalage avec les nouvelles formes d’expression spirituelle.


Faut-il s’en inquiéter ? S’en réjouir ? Ni l’un ni l’autre, peut-être, mais il faut en prendre acte. Le religieux revient, non pas par nostalgie, mais par nécessité humaine. Loin des caricatures d’un monde uniformément désenchanté, la réalité contemporaine montre que l’homme, dans sa densité collective, cherche toujours du sens. Et il se tourne, encore, vers la foi pour le trouver.

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