top of page

Tribune : Le ralentissement de l’habitat genevois

  • Photo du rédacteur: Rédaction Logos
    Rédaction Logos
  • 13 août
  • 3 min de lecture

Le logement comme horizon de vie

Par Gilles Brand – Logos, Tribune philosophique


ree

Le logement n’est pas qu’un toit : c’est un lieu d’existence, une scène où se joue la vie ordinaire, l’intime et le collectif. Lorsque la ville ralentit dans la production de logements, ce n’est pas seulement un déficit statistique, mais une contraction des imaginaires d’avenir. Chaque appartement non construit, c’est une vie rendue impossible, des projets ajournés, des rêves suspendus.

Le taux de vacance historiquement bas (0,34 %) ne signale pas un équilibre heureux, mais une tension existentielle : le désir d’habiter a rencontré un mur.


"Il ne s’agit pas seulement de bâtir plus, mais de bâtir autrement : non pas vers plus de béton, mais vers plus de sens."

Le temps et la ville


Genève, comme toute cité, est faite de temps successifs : de l’anticipation des chantiers à l’achèvement d’un immeuble, du dépôt d’un permis à son obtention. Un ralentissement dans ce processus, c’est une résistance au progrès, mais aussi le reflet d’un temps démocratique revalorisé, où les débats, les concertations et les obstacles administratifs ralentissent le flux mais témoignent d’un pluralisme vivant.

Au-delà de la crise des chiffres, c’est un moment propice à s’interroger : voulons-nous seulement plus de logements, ou voulons-nous des logements meilleurs ?


Penser la densité avec humanité


Face à la pénurie, la tentation est de compresser davantage : densifier coûte que coûte, surélever, combler les vides. Mais cette densification ne doit pas devenir une saturation ; elle doit être pensée comme un agencement sensible de vies, un tissage de relations, un équilibre entre l’intime et l’espace partagé.

La densité, dans cette perspective, devient un art, celui de faire cohabiter les aspirations individuelles et le bien commun, sans réduire la vie à une simple quantité de mètres carrés.


La ville comme corps vivant


Un ralentissement architectural peut être vu comme une fièvre urbaine, un symptôme d’un corps en souffrance. Le logement devient le pouls de Genève : lorsque la cadence cardiaque ralentit, une question se pose : que signifie que la cité respire moins vite ?

Le corps urbain réclame désormais un souffle nouveau – pas nécessairement plus rapide, mais plus soutenable, plus durable.


La responsabilité morale de la politique de logement


Le rôle de la politique publique ne se limite pas à juguler la pénurie : il est aussi de définir ce qu’est une bonne vie en ville. Elle doit interroger le juste équilibre : logements d’utilité publique, coopératives, mixité sociale, logement pour la classe moyenne,  repenser l’accès au logement comme un droit fondamental. Or, à Genève, l’outil censé incarner cette mission,  la zone de développement  montre ses limites : lenteurs administratives, procédures alourdies, recours à répétition, constructions très tardives. Ce qui devait protéger et encadrer devient parfois un frein qui éloigne la ville de ses objectifs.

Dans certains secteurs, des approches plus souples, par exemple un reclassement ciblé assorti de règles d’aménagement stricte, pourraient réduire les délais tout en préservant la qualité urbaine. La reconversion d’immeubles existants ou la mobilisation de terrains déjà viabilisés offrent aussi des pistes pour répondre plus vite aux besoins. Car dans un contexte où le taux de vacance s’effondre et où la crise du logement devient une crise sociale, la vertu n’est plus seulement dans la prudence, mais dans la capacité à agir vite et bien.


Le ralentissement du rythme de construction des logements à Genève n’est pas seulement un défi technique : c’est une crise de l’imaginaire urbain, une invitation à repenser notre manière d’habiter. 

Il ne s’agit pas seulement de bâtir plus, mais de bâtir autrement : non pas vers plus de béton, mais vers plus de sens.

Comentários

Avaliado com 0 de 5 estrelas.
Ainda sem avaliações

Adicione uma avaliação
bottom of page